Le 6 septembre 1980, la France motarde découvre le nitrométhane, les double moteurs et l’arbre de Noël. Organisé par Philippe Debarle et Gilles Gaignaut sur le circuit Bugatti du Mans, le premier Dragster Festival attire une trentaine de pilotes français et 50 000 spectateurs : un choc !
L’Américain : lorsqu’il revient d’un exil outre-Atlantique, le journaliste Philippe Debarle est imprégné de sport US et n’a de cesse de faire découvrir aux motards français les disciplines qu’il couvrait dans les magazines. Notamment la première d’entre elles, le dragster. Moto Journal avait certes défloré le sujet en conviant Russ Collins au MJ200 en 1979, mais jamais il n’y avait eu en France un meeting totalement consacré à la discipline.




Avec son ami Gilles Gaignault, Debarle bosse donc pendant six mois sur le sujet. Ils s’associent avec l’Automobile Club de l’Ouest qui prend 40% du projet, trouvent un partenaire pour financer l’opération, en l’occurrence les cibis Midlands, un copain pour bricoler un arbre de Noël et réunissent un plateau d’enfer. Il y a d’un côté des voitures, avec les top-fuels qui marchent au nitrométhane et de gros muscle-cars américains, de l’autre une cinquantaine de motos : machines de série, modifiées ou non, pour les amateurs français, et purs dragsters pour les spécialistes nord-européens. Les organisateurs ont réuni des Anglais, des Allemands, des Suédois ; des doubles moteurs Kawasaki, Norton, Triumph. Et puis il y a les Hollandais, emmenés par les rois Janssen et Vink.
Le 6 septembre 1980, le spectacle fut au rendez-vous du premier Dragster Festival : la piste était certes limitée à 200 mètres, faute d’un bataillon de pompiers suffisamment nombreux pour assurer la sécurité des top-fuels, mais l’adhérence était excellente et les chronos furent de niveau mondial.
Le jour de la course, le Bugatti se remplit d’une foule record. 15 000 billets imprimés par l’organisation furent vendus, puis 15 000 contremarques supplémentaires dénichées par l’ACO : faute de ticket, les 20 000 derniers spectateurs entrèrent gratuitement ! 50 000 personnes étaient donc présentes pour acclamer Henk Vink qui imposa son double moteur Kawasaki avec un dernier 200 m DA abattu en 5”1.


Alors concessionnaire Yamaha, puis créateur de Boxer Bike et désormais constructeur Brough Superior, Thierry Henriette termina premier Français et remporta avec sa Yamaha XS 1100 le prix du plus beau dragster.
L’organisation ayant indexé les primes d’arrivée sur le nombre de spectateurs, elle se retrouva sur la paille après avoir versé au vainqueur un véritable pactole. L’ACO organisa seule la seconde édition du Dragster Festival l’année suivante. Philippe Debarle, lui, choisissait d’organiser le premier Supermotard sur le circuit Carole.



Fin de l’histoire ? Pas pour tout le monde : dans la liste des engagés figurait un petit bout de femme, dont le mari avait décidé pour l’occasion de sacrifier la Honda 900 Bol d’Or. Dany et Fernand Dieudonné découvrirent ainsi la discipline, avec un dragster terminé dans l’estafette sur le paddock du Mans.
En 1984 étaient créées les Coupes de France de Dragster, devenus Trophées en 1985 puis Championnat de France en 1986. En 1987, Dany Dieudonné devenait la première femme à remporter un championnat de France de moto ; avec un total de 7 titres, elle demeure la pilote la plus titrée dans la discipline, devant ses rivaux masculins !
Photos archives Stan Perec.







